En 2021, Jacques Priol, fondateur de CIVITEO et président de l’Observatoire Data Publica, expliquait lors d’une conférence au West Data Festival l’enjeu des données pour les territoires. Il disait également comment elles pouvaient aider à imaginer les villes de demain. Son intervention avait abordé le thème de l’hypervision des politiques publiques qui existent aujourd’hui de façon opérationnelle. Il avait également évoqué les nouveaux usages de la donnée, de l’IA et des territoires intelligents.

La data et les territoires : un sujet préoccupant 

Pour les élus, les dirigeants ou les services publics, le sujet de la gestion de données territoriales est très important. En effet, ces dernières années, la data publique est au cœur des territoires intelligents.  Cette dernière va imprégner l’ensemble des services : culture, éducation, environnement, mobilité, social, logement…

Les gisements de données sont valorisés, exploités pour le bénéfice de la collectivité, aussi appelés “smart city”.

Des exemples 

On peut, pour illustrer cette idée de progrès, évoquer le projet de la ville de Dijon. Ce projet mis en œuvre en 2019 met en avant le pilotage de la donnée pour de nouvelles fonctions urbaines qu’il s’agisse d’énergie, de mobilité, de stationnement et autres.

La ville d’Angers est aussi un bon exemple car la métropole a investi, en 2019, 178 millions d’euros pour connecter son territoire. Cet investissement a aussi permis à inscrire les principales fonctions urbaines dans un dispositif piloté par la donnée.

Grâce à ce projet, 400 capteurs installés dans les jardins publics de la ville analysent l’humidité du sol. De plus, elles permettent de déclencher l’arrosage uniquement quand il est nécessaire. Ces capteurs scrutent en temps réel les consommations de gaz et d’électricité dans les bâtiments publics. Ils permettent d’analyser les flux de véhicules pour mieux fluidifier le trafic et répertorier les places de stationnements disponibles… Avec cet investissement, la métropole de 150 000 habitants a pour enjeu majeur de réaliser de grandes économies sur les 20 prochaines années.

Orléans, elle aussi, a investi dans des capteurs pour faire de la mesure optique avec de l’intelligence artificielle pour faire de la reconnaissance des sens à travers des images. Ce système permet de prévenir en temps réel les personnes qui souffrent d’allergies (pollen…)

Optimiser la gestion d’une collectivité avec les données 

À Nantes, deux startups ont développé une intelligence artificielle pour lutter contre le gaspillage alimentaire dans la restauration scolaire.

À savoir que le gaspillage alimentaire dans le secteur de la restauration collective représente 8% du gaspillage alimentaire total en France pour les 3,8 milliards de repas servis chaque année selon une étude de l’ADEME en 2020. L’idée est de travailler sur des algorithmes pour affiner les modèles statistiques, faire de meilleures prévisions alimentaires afin de mieux anticiper les commandes auprès des producteurs locaux.

Des améliorations à plusieurs échelles 

• Eclairage public
• Energie des bâtiments communaux
• gestion de l’eau
• Voirie et stationnement
• Mobilité / déplacements

Les données d’intérêt territorial 

Les données de certaines entreprises (exemple de Google Maps avec Waze) sont mises à dispositions sur des API…Ces données viennent apporter de la connaissance sur un territoire de la façon dont on vit en mesurant tout un tas de ressources (temps de parcours des utilisateurs, les difficultés rencontrées, heure par heure, jour de la semaine par jour de la semaine…). Les territoires et les acteurs publics ont tout intérêt à récupérer ces données pour améliorer leurs services, planifier l’urbanisme de demain, améliorer la mobilité…

Les données publiques au service des entreprises d’un territoire 

• OctopusMind fait de l’analyse prédictive pour aider les entreprises grâce au machine learning
• Depuis le 2 janvier 2021, la totalité des données géographiques issues des bases de l’IGN sont disponibles et accessibles en open data. Cela est un atout considérable pour beaucoup d’entreprises (bureaux d’études, société de services, aménageurs…)
• Données locales sur l’emploi : Randstad France exploite les données ouvertes du marché de l’emploi pour offrir un service d’analyse algorithmique des bassins d’emploi à ses clients.
• Données immobilières : En open data, sur le site demandes de valeurs foncières, ETALAB met à disposition la totalité des données de toutes les transactions immobilières de ces dernières années. Cela sert à faire de la modélisation pour prévoir des programmes immobiliers.

Le partage de données énergétiques 

• Le portail Open data d’Enedis met à disposition de nombreuses données dans plusieurs domaines et à plusieurs échelles. On parle ici des données sur les réseaux ou des statistiques sur la consommation d’électricité. Cela consiste à rendre, dans un format simple, des données consultables librement et gratuitement par tous les citoyens grâce à des outils informatiques permettant leur réutilisation par tout acteur qui le souhaite.
• Le Datalab Énergie est un dispositif piloté par Enedis, Atlanpole et Nantes Métropole.

Celui-ci vise à rendre accessible les données de consommation électrique et d’accompagner les entreprises et les collectivités pour développer et expérimenter des services innovants en lien avec ces données.

Le mot “donnée” peut faire peur 

Dès lors que l’on parle de pouvoir public, de territoire et de gestion de données, le but est de réussir à travailler en confiance avec les uns et les autres et de ne pas se retrouver exposé à des critiques. Ce qui fut le malheureux cas de Nantes. En effet,  la ville a été critiquée alors que tout ce que faisait et/ou voulait faire la métropole en matière d’utilisation de données était parfaitement légal et conforme au vu de la CNIL. Il faisait de la récupération de données avec l’ambition d’améliorer la mobilité des habitants de la ville. La métropole a part la suite rédigé une charte de la donnée pour garantir la souveraineté de la collectivité sur ses données, les protéger, garantir la transparence et favoriser de nouveaux usages.

Les enjeux des données 

Il y a tout d’abord des enjeux juridiques. La Loi pour une république numérique intervient :

• Open Data par défaut
• Ouverture des données des délégataires de service public
• Transparence des algorithmes

Il y a également des enjeux économiques qui posent question car des entreprises ont l’habitude d’acheter, de vendre des données publiques…Qu’est-ce qu’on fait des données publiques ? Faut-il échanger les données ?

Les enjeux sont aussi environnementaux et éthiques. Bien sûr, le Big Data et l’IA consomment et produisent des dépenses énergétiques. Ceci peut être source de polémiques. Quels sont les usages ? Avec quels contrôles et quelle transparence ?…

Le récap 

L’exploitation des données est une question concrète et très sérieuse pour les territoires. La data visualisation, l’intelligence artificielle constituent de nouvelles techniques pour les améliorer. En effet, bien que les usages n’en sont qu’à leurs débuts, ils sont exponentiels. À savoir que 8 collectivités sur 10 sont déjà engagées dans la démarche ou en réflexion pour le faire. Les solutions interviennent dans de nombreux secteurs : l’énergie, l’environnement, les transports…

Pour retrouver la conférence complète Jacques Priol durant le West Data Festival 202, nous vous invitons à aller visionner la vidéo en ligne sur la chaine YouTube de Laval Mayenne Technopole en cliquant sur l’image ci-dessous :

Laval Mayenne Technopole organise la 5ème édition du West Data Festival du 14 au 16 mars 2023 à l’Espace Mayenne de Laval.

Cet évènement est le rendez-vous annuel des professionnels pour découvrir et apprendre autour de la Data et l’IA.

Ce festival évoquera plus en détails la thématique “Cité intelligente” au travers de conférences dirigées par des experts. Ce festival propose aussi des ateliers pour favoriser la discussion entre les professionnels et les festivaliers.